Hélène Breschand & Elliott Sharp

Chansons du Crépuscule : Aube (zOaR Record, 2020)

Hélène Breschand & Elliott Sharp : Chansons du Crépuscule : Aube (zOaR Record, 2020)

Ça ne bugge pas, mais c'est un peu glitch quand même. Après son premier opus Chansons du Crépuscule en 2017, le duo Chansons du Crépuscule (Hélène Breschand et Elliot Scharp) a produit Aube en 2020. Sur le premier titre, ils concatènent voix, harpe et guitare à coups de rythmiques et de manipulations électroacoustiques pour remettre à plat leur sujet.

Au matin du monde, une dynamique progresse après la première phase d'approche. C'est sidérant comment ils osent pervertir leur propre langage. Plutôt qu'une perversion, c'est un élargissement libre aux pratiques instrumentales et vocales offertes par leur panel. On entend bien la source d'inspiration dont il est question sur le Bandcamp de l'album : « Une fois encore, l'inspiration est venue de l'héritage de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg, filtrée par d'autres éléments pataphysiques du 20e siècle et du 21e siècle (...)» Il y a des voix susurrées, des cordes basses, des cordes psychédéliques, des bourdons d'obédience peut-être hindouiste. Sur « Maybe Desire » la voix d'Elliot Scharp évoque un peu celle de Nick Cave. Sur « La Muerte » en fin de disque plane une tristesse palpable. Peut-être est-ce une langue inventée, on ne la comprend pas bien. Les vibrations des cordes et ce cri perçant de cordes vocales aux limites des aïgus se suffisent à eux-mêmes pour avoir les sens saisis.

L'idée de ce disque est née alors que le duo subissait les perturbations du trafic en Île-de-France. Si tous ceux qui se retrouvent bloqués dans un embouteillage parisien une nuit de pleine lune créaient ensuite ce genre d'album, la chanson française fourmillerait de chefs-d'oeuvre.

© Eric Deshayes - neospheres.free.fr