Dominique Grimaud - Véronique Vilhet

Broken Saxophones (ADN Records, 2021).

Dominique Grimaud - Véronique Vilhet - Broken Saxophones (ADN Records, 2021).

Persévérance, c'est le premier mot qui vient à l'esprit à la découverte du vinyle Broken Saxophones. Et ce pour maintes raisons. Multi-instrumentiste autodidacte, Dominique Grimaud trace tranquillement son chemin en continuant d'expérimenter, depuis ses premiers souffles au saxophone au sein de Camizole à l'orée des années 1970. On remarque la présence de Jacky Dupéty, le fondateur de Camizole, sur Broken Saxophones. Alors même qu'il participait à la naissance de Urban Sax de Gilbert Artman, Dominique Grimaud explorait à la même époque les possibilités des synthétiseurs, notamment du Synthi AKS. Ce fut l'une des pistes, parmi bien d'autres, du duo Vidéo-Aventures. En solo ensuite, Dominique Grimaud a pratiqué et pratique toujours, les synthétiseurs, diverses instruments à cordes, guitares, banjo... Véronique Vilhet a connu la free music de Johnny B. Crotte. Un double 45 tours a été édité par InPolySons en 2014, contenant du matériel des années 1977/78. Véronique Vilhet a aussi participé à l'épopée de la troupe Royal de Luxe.

Depuis une dizaine d'années, Dominique Grimaud et Véronique Vilhet forment un duo qui n'est pas en reste en matière de domaines d'exploration, que ce soit dans un univers intimiste aux percussions et synthés ou dans la chanson. Broken Saxophones est leur quatrième album. Il est publié par ADN Records, autrement connu pour être la branche italienne de Recommended Records. Sur ADN était sorti en 1990 l'album de Vidéo-Aventures Moonbeam Movies, un curieux objet : deux cassettes dans un boîtier de VHS pour une musique collage cinématique. Rappelons au passage que Romanciel de La STPO est récemment sorti sur ADN Records.

Cette somme d'aventures force le respect. Pour autant, le duo ne donne pas dans la surenchère. Bien au contraire. Leur axe de travail est minimal en matière de rythmes, d'instruments à vents, de synthétiseurs et d'invités. Outre Jacky Dupéty aux saxophones alto et bariton sur « The Four Horses With Pink Wheels », intervient David Fenech à la guitare sur « Alissa Song ».

Leur ligne de conduite est très simple, ce sont les boucles. Leurs recettes nécessitent peu d'ingrédients, mais ces quelques éléments apportent à chaque fois des couleurs différentes. On songe ici à Moondog, là à du dijeridoo (sans qu'il y en ait de joué). Il y a aussi des sonorités arabisantes, des évocations un peu médiévales. Aucun artifice, on tombe sous le charme, naturellement.

© Eric Deshayes - neospheres.free.fr