David Behrman

David Behrman est l'un des grands pionniers des musiques électroniques et du développement de systèmes informatiques interactifs musicaux. Producteur à la fin des années 60 pour Columbia, il a contribué à promouvoir l'avant-garde américaine.

Diplômé des universités de Harvard (1959) et Columbia (1963), David Behrman côtoie l'avant-garde contemporaine américaine : Christian Wolff, Frederic Rzewski, La Monte Young, David Tudor, John Cage, Morton Feldman, Earle Brown... En été 1959, il assiste avec La Monte Young aux cours de composition de Karlheinz Stockhausen à Darmstadt et vers 1963/1964, David Tudor et Gordon Mumma l'initient à la fabrication de générateurs électriques de sons. En 1966 il co-fonde le "Sonic Arts Union" avec Robert Ashley, Alvin Lucier et Gordon Mumma. Le "Sonic Arts Union" leur permet de partager une lutherie électronique souvent onéreuse et de mettre en commun leurs expériences lors de performances où ils utilisent leurs appareils souvent "fabriqués main", explorent l'acoustique d'un lieu et font se rencontrer théâtre, arts visuels, poésie et musique. De 1966 à 1976 ils se produisent à travers l'Amérique du Nord et l'Europe.

A la fin des années 1960, grâce à John McClure, David Behrman est nommé directeur de la collection "Music of Our Time" sur le label Odyssey, dépendant de Columbia Records. La grande compagnie américaine a alors engrangé de conséquents bénéfices avec les succès de Bob Dylan et des Byrds et souhaite "investir" dans de jeunes et prometteurs artistes de l'avant-garde contemporaine. Behrman produit ainsi une série de disques parmi lesquels : New Sounds in Electronic Music (1967) un disque qui regroupe "Night Music" de Richard Maxfield, "I of IV" de Pauline Oliveros et "Come Out" de Steve Reich ; Extended Voices (1967), une "compilation" d'œuvres nouvelles de John Cage, Pauline Oliveros, Alvin Lucier, Robert Ashley, Toshi Ichiyanagi et Morton Feldman pour choeurs et voix traités au synthétiseur ou au vocoder ; Live/Electric Music (1969) de Steve Reich qui contient "Violin Phase" et "It's Gonna Rain" (1965) ; deux disques majeurs de Terry Riley, In C et A Rainbow in Curved Air. "In C", œuvre écrite en 1964, enregistrée pour Columbia en 1968, est considérée comme fondatrice de la musique minimaliste. Cependant l'aventure ne dure pas. Malgré une large distribution, les disques se vendent peu et Colombia s'oppose à ce que David Behrman produisent des disques de Philip Glass et La Monte Young. Il quitte finalement Columbia en 1970.

De 1970 à 1976 David Behrman part en tournée avec le chorégraphe Merce Cunningham et la Merce Cunningham Dance Company. Durant cette période Behrman assiste également John Cage dans de nombreux projets. De 1975 à 1980, il co-dirige avec Robert Ashley le Center for Contemporary Music au Mills College d'Oakland et enseigne dans différentes universités américaines. Dans les années 1980, il élabore avec Georges Lewis de nombreuses installations interactives visuelles et sonores. Il développe divers installations pouvant être expérimentées par le public au Whitney Museum, au Museum of Contemporary Art à Chicago, au Für Augen und Ohren ("Pour les yeux et les oreilles") à Berlin, au DeCordova Museum à Lincoln ou encore à La Villette à Paris.

David Behrman - Leapday Night

Paru en 1990 sur Lovely Music, le disque Leapday Night regroupe des enregistrements de trois créations où des musiciens, Takehisa Kosugi (violon), Ben Neill (trompette mutante), et Rhys Chatham (trompette), improvisent en interaction avec un système informatique : "Interspecies Smalltalk" (1984), "A Traveller's Dream Journal" (1990) et "Leapday Night" (1983-1986).

David Behrman a été accueilli au Studio Five Beekman (devenu Diapason Gallery) de Michael J. Schumacher, en avril 1998, pour Pen Light, une installation sonore et lumineuse interactive. Une rétrospective des travaux de David Behrman a eu lieu en novembre 2001, en sa présence, à la Kunsthochschule für Medien (Ecole Supérieure des Arts) à Cologne. Outre des conférences et une nouvelle installation audio et vidéo, View Finder, le "David Behrman Projekt" proposait deux soirées de concerts donnant un large aperçu de sa carrière.

Le label XI a publié en 2005 le double CD consacré à David Berhman My Dear Siegfried. My Dear Siegfried est l'une des dernières créations David Berhman. Elle met en interaction un texte lu par Thomas Buckner, Eric Barsness et Maria Ludovici, avec la musique jouée par Ralph Samuelson (flûte shakuhachi), Peter Zummo (trombone), David Behrman lui-même (claviers et électroniques), Tom Hamilton (ingénieur son) et d'autres musiciens : Jon Gibson, Frankie Mann, Arthur Stidfole et Katharine Morton. Le double CD contient également d'autres œuvres de David Behrman : QRSL (1998), Viewfinder (2002), A New Team Takes Over (1969), Touch Tones (1979) et Pools of Phase Locked Loops (1972).

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