CHARLES CURTIS

Issu d'une formation académique de haut niveau, Charles Curtis fait fi des barrières musicales qui semblent insurmontables pour certains. Naviguant au sein du baroque au contemporaine, du jazz au rock expérimental, il est aussi à l'aise aux côtés de légendes tels que La Monte Young et Herbie Hancock, que dans l'underground new-yorkais (Elliot Sharp, Jim O’Rourke, Donald Miller...).

Le moins que l'on puisse dire c'est que dans le domaine de la musique classique Charles Curtis (né en Californie en 1960) affiche un pedigree béton : études à la prestigieuse Juilliard School, premier prix du Concours International de musique Coleman à 17 ans, professeur de violoncelle et de musique de chambre à l’Université de Princeton à 25 ans, premier violoncelle de l’orchestre symphonique de la radio allemande NDR à 29 ans... Professeur à l'Université de Californie de San Diego depuis 2000, Charles Curtis a été ponctuellement soliste au sein d'orchestres symphoniques du monde entier : Baltimore, San Francisco, Berlin, Florence, Sao Paulo, Santiago du Chili... Il a tourné avec le Quatuor Ridge (de 1986 à 1988) et le Chamber Music Society du Lincoln Center... Dans ces différents contextes, il a eu l'occasion d'interpréter autant le répertoire baroque (Purcell, Haendel, Bach...) que des œuvres de compositeurs du XXème siècle auxquels il est très attaché (Schoenberg, Ives, Webern, Babbit, Xénakis, Stockausen, Penderecki, Ligeti, Cage, Feldman, Pärt, La Monte Young...). Le seul enregistrement discographique de cette activité dans le domaine de la musique classique date de 1997, il s'agit de Charles Curtis with The NDR Sinfonie-Orchester Shostakovish Cello Concerto, opus 107 paru sur NDR Classic Club.

Sa collaboration avec La Monte Young, l'un des fondateurs du courant minimaliste, a débuté en 1987. Charles Curtis a interprété et aussi créé certaines pièces en intonation juste du compositeur et s’est produit avec lui en duo pour des œuvres rarement jouées des premiers minimalistes Richard Maxfield et Terry Jennings. Il joue régulièrement à la Mela Foundation de New York, le loft du couple La Monte Young / Marianne Zazeela où se joue en permanence une Dream House depuis 1993 (l'un des grands dada de Young étant de faire jouer sa musique en continu). Charles Curtis a aussi joué lors lors de Dream Houses dans différents lieux et festivals : Darmstadt, le festival Inventionen à Berlin, Beyond The Pink à Los Angeles…

Charles Curtis Trio Volcanoes (Strange Ways, 1996)

Parallèlement à cette carrière dans le domaine de la musique classique et contemporaine, depuis le début des années 80, Charles Curtis s'est impliqué au sein de l'underground New-yorkais. Il s'est produit dans des clubs comme la Knitting Factory, The Cooler, l’ABC No Rio, le CBGB, invité par Elliot Sharp, Donald Miller, Alan Licht, Michael J. Schumacher, Jim O’Rourke, Ned Rothenberg, Ben Neill et avec les groupes Bongwater, Dogbowl, King Missile... De même il a joué avec d'anciens membres de Pere Ubu, Television et Public Image Limited. Il a par ailleurs son propre trio rock avec Peter Imig à la basse et Henry Grant à la batterie. Le Charles Curtis Trio a enregistré deux albums en Allemagne dont Volcanoes, sorti en 1996, un album tendance "pop" particulièrement influencé par le Velvet Underground. L'album Ultra White Violet Light / Sleep propose une confrontation entre cet aspect "velvetien" et les drones électroniques développés par Curtis dans le prolongement de ses recherches avec La Monte Young.

Ami de Michael J. Schumacher depuis leurs études à la Juilliard School, Charles Curtis s'est très régulièrement produit avec lui (Schumacher a aussi collaboré avec La Monte Young). Curtis et Schumacher se sont notamment produit en duo à la fin des années 80 (sous le nom de "Dual" pour rester incognito) lors de longues improvisations alliant violoncelle et électroniques. De cette époque ne subsite qu'une cassette Deploration : a pointless compilation (1990). Curtis et Schumacher ont enregistré avec Donald Miller, sous le nom de Donald Miller Trio Here Below en 1999, fortement marqué par les puissantes ondes électroniques de Schumacher. Charles Curtis a enregistré le morceau Still en 2002, publié cette année sur Room Pieces le double album de Michael J. Schumacher.

Parmi ses nombreuses collaborations notons encore que Charles Curtis joue de la guitare et du violoncelle sur Turtle Bay Country Club (1999) de Matthias Arfmann, cette fois-ci dans une tendance semi-improvisée Rock allemand/electronica. On retrouve d'ailleurs sur Turtle Bay Country Club Lothar Meid l'un des membres fondateurs du groupe allemand Amon Düül II !

Charles Curtis a fait une incursion chez les "grands du jazz" en apparaissant sur les albums Gershwin's World (1998) d'Herbie Hancock et, tout récemment, sur Alegría (2003) de Wayne Shorter.

Une nouvelle pièce pour violoncelle, électronique et lumières de La Monte Young et Marian Zazeela a été présentée par Charles Curtis, successivement à Paris, Dijon, Lyon et Berlin à la fin 2003 et en mars 2004.

Charles Curtis et le pianiste Alec Karis ont enregistré en duo Patterns in a Chromatic Field, une œuvre méconnue du compositeur Morton Feldman pour le label Tzadik.

Le label américain Antiopic a édité en octobre 2005 le double album Anthony Burr / Charles Curtis Alvin Lucier (Antiopic, Octobre 2005), consacré à des compositions d'Alvin Lucier pour clarinette, violencelle et électronique. Ces pièces sont interprétées par Anthony Burr (clarinette) et Charles Curtis (violoncelle). Le double album comporte les pièces suivantes : "In Memoriam John Higgins" (1987), "On the Carpet of Leaves Illuminated by the Moon" (2000), "Still and Moving Lines of Silence in Families of Hyperbolas Part III Number 11" (1984), "Still and Moving Lines of Silence in Families of Hyperbolas Part I Number 1" (1984), "Charles Curtis" (2002), "In Memoriam Stuart Marshall" (1993) et "Music for Cello with One or More Amplified Vases" (1993). Cette référence du label Antiopic est distribuée en France par Metamkine.

Charles Curtis était invité par le label Shiiin à Paris en mars 2006, à la galerie Xippas, pour la création européenne de Naldjorlak, pièce pour violoncelle d'Eliane Radigue. Lors d'une nouvelle interprétation la pièce Naldjorlak (pour Charles Curtis) aété enregistrée par Daniel Deshays à la Chapelle Notre-Dame de BonSecours, à Paris, le 18 septembre 2006. Cet enregistrement a été publiépar le label Shiiin distribué par Metamkine.

Chronique disque :

Discographie :

  • King Missile They (Shimmy Disc, 1987).
  • Dual (Charles Curtis / Michael J. Schumacher) Deploration : a pointless compilation (Pointless Cassettes, 1990)
  • Dogbowl Tit (An Opera) (Shimmy Disc, 1988).
  • Shawn Colvin Steady On (1989).
  • Charles Curtis Trio Volcanoes (Strange Ways, 1996).
  • Kathleen Battle Grace (Sony Classique, 1996).
  • Charles Curtis with The NDR Sinfonie-Orchester Shostakovish Cello Concerto, opus 107 (NDR Classic Club, 1997).
  • Charles Curtis Trio Lesser Writings (Strange Ways, 1997).
  • Stomp Gospel Twenty Seven Side by Side (1998).
  • Herbie Hancock Gershwin's World (Verve-Deutsche Grammophon, 1998).
  • King Missile III Failure (Factory Works, 1998).
  • Donald Miller Trio Here Below (Klang, 1999).
  • Charles Curtis / Charles Curtis Trio Ultra White Violet Light / Sleep (Beau rivage / Squealer 1999).
  • Matthias Arfmann Turtle Bay Country Club (Unique, 1999).
  • Dean Roberts And the Black Moths Play the Grand (2000).
  • Michael J. Schumacher Room Pieces (2003).
  • The Black Heart Procession Amore del Tropico (2002).
  • Wayne Shorter Alegría (2003).
  • Morton Feldman Patterns in a Chromatic Field (Curtis, violoncelle - Alec Karis, piano) (Tzadik, 2004).
  • Charles Curtis Trio Music fo a While (Beau Rivage, 2004).
  • Anthony Burr / Charles Curtis Alvin Lucier (Antiopic, 2005).
  • Eliane Radigue Naldjorlak (pour Charles Curtis) (Shiiin, 2008).

Liens :

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