The Sonic Arts Union

Collectif de compositeurs américains pionniers de la "Live Electronic Music" fondé en 1966 par Robert Ashley, David Behrman, Alvin Lucier et Gordon Mumma.

En 1966, Gordon Mumma, Alvin Lucier, David Behrman et Robert Ashley fondent The Sonic Arts Union, parfois appelé, à tort, Sonic Art Group. Selon Robert Ashley, « nous avons décidé de travailler ensemble parce que nous pouvions ainsi mettre en commun notre équipement et faire des concerts que nous aurions pu difficilement faire seul. Ce n'était pas un ensemble comme le ONCE Group avec qui j'ai également travaillé. C'était juste trois ou quatre personnes qui se mettaient ensemble pour donner un concert, qui réunissaient un équipement et des ressources (nous avions évidemment peu d'argent). Vous pouviez faire une pièce où vous aviez besoin de deux performers de plus et je savais que David et Alvin pouvaient faire ces performances. »

David Behrman apporte un témoignage similaire : "Nous quatre aimions beaucoup voyager, nous produire sur scène, faire connaissance avec les personnes qui nous aidaient à produire nos concerts. L'un de ces producteurs, un jeune militaire belge, Jacques Bekaert, est devenu l'un de nos amis de longue date. Lors de certaines tournées le Sonic Arts comprenait huit artistes, pas quatre : Mary Ashley, Shigeko Kubota, Mary Lucier et Barbara Lloyd se sont joints à nous (...). Nous partagions l'équipement et le montage scénique mais n'avons jamais fait de pièces collectives. Les personnalités étaient toujours distinctes".

Sonic Arts Union ?- Electric Sound (Mainstream Records, 1972).

Le Sonic Arts Union s'est ainsi produit en Amérique du Nord et en Europe de 1966 à 1976 (lors du Festival d'Automne à Paris en 1974). Leurs créations s'inscrivaient dans le champ de la "musique électronique vivante", une musique improvisée en public produite à l'aide d'équipements hétéroclites : appareils "fabriqués main", micros-contact reliés à un dispositif électroacoustique permettant un traitement en direct, vocoder... Jusqu'aux années 1960, la musique électronique était la plupart du temps élaborée en studio puis jouée en public sur bandes magnétiques. Le travail du Sonic Arts Union apportait un élément humain à la musique électronique en y intégrant des manipulations faites en direct. Ils exploraient l'acoustique d'une salle, les phénomènes d'échos, les ondes produites par le cerveau, la représentation visuelle du son, les traitements électroniques de la voix par vocoder... Selon Dominique et Jean-Yves Bosseur : "Leur technique se fonde, la plupart du temps, sur les possibilités offertes par les outils de sonorisation, avec des micros de contact fixés sur les instruments, et de transformation immédiate du son grâce à la modulation en anneau. Le groupe n'exclut nullement de son travail l'aspect "bricolage", les phénomènes de distorsion et d'incorrection, généralement bannis de la musique de studio. Il s'efforce de créer une complexité dont le résultat échappe en partie à toute volonté de contrôle. C'est pourquoi il tente aussi d'éviter, au nom d'une esthétique trop fortement connotée par une tradition, une stylistique".

Le label Mainstream Records a publié Electronic Sound en 1972, un album réunissant des œuvres des différents membres de la Sonic Arts Union : Alvin Lucier "Vespers" (1968) / Robert Ashley "Purposeful Lady Slow Afternoon" / David Behrman "Runthrough" / Gordon Mumma "Hornpipe" (1967). Ce vinyle a été réédité en CD par Wergo en 2010.

Sources :

  • Interview de David Behrman sur Perfect Sound Forever (1997).
  • D. et J.-Y. Bosseur, Révolutions musicales (Minerve, 1999), p. 104.
© Eric Deshayes - neospheres.free.fr